Mouvement contre la réforme des retraites: le moyen d’une ambition écologiste !

Mardi 21 Mars 2023. Le mouvement social en cours est dans toutes les têtes. L’utilisation du 49.3 pour passer une réforme massivement rejetée par les Français·es est un acte de défiance et un déni de démocratie.

Quelle position tenir pour une association écologiste comme les ateliers ICARE ? Faut-il soutenir le mouvement ? Nous avons, bien avant ce jeudi fatidique, évoqué la réforme des retraites avec l’ensemble des adhérents. Une première évidence apparaît : à titre individuel, chacun est libre de s’investir, ou non, dans la mobilisation. Mais quid d’une position collective ?

Le groupe a pris le temps de la discussion. Quels sont les objectifs de l’association ? Le premier est ambitieux : « rendre les secteurs économiques compatibles avec l’Accord de Paris et les limites planétaires ».  Peut-on raisonnablement espérer atteindre nos objectifs avec le pouvoir politique et le modèle économique en place ? Il est très difficile de l’envisager à la vue du piètre bilan écologique des dernières années, et de la priorisation systématique de la finance par rapport à l’écologie depuis des décennies. Sans nul doute, l’accomplissement des objectifs de l’association passe par un changement sociétal profond. L’ONU indique ainsi que « l’objectif de température de l’Accord de Paris ne pourra désormais être atteint qu’au prix d’une transformation rapide, systémique, de grande ampleur et à grande échelle. » Autant parler de révolution !

Il paraît donc primordial d’investir l’association dans des activités pouvant aboutir à un changement profond. Comment s’y prendre ? Il faudrait arriver à mobiliser beaucoup de personnes et très rapidement, investissant la rue pour remettre en cause le paradigme actuel. Il faudrait bloquer une économie écologiquement et socialement destructrice. Une insurrection nécessaire des citoyens, donc, qui viendrait s’ajouter l’ensemble des actions écologistes en cours: marches du climat, sensibilisations aux enjeux écologistes, projets locaux pour construire le monde de demain…Comment ne pas voir le lien avec ce qui se passe actuellement dans notre société ?

Les ateliers ICARE ont collectivement pris une décision : participer au mouvement social actuel, car c’est bien cette action qui peut le plus contribuer à la réalisation des objectifs de l’association. Une action naturellement prioritaire, qui a un nom : participer à  la convergence des luttes … et ne pas laisser passer le wagon.

Certain·es diront que les associations doivent rester apolitiques pour permettre à chacun et chacune de s’y retrouver. Nous faisons la différence entre une association politique (qui prend part à l’organisation de la vie publique) et une association partisane (qui affiche son rapprochement avec un parti politique).   

Certain·es diront que les gens qui vont dans la rue actuellement n’ont que faire de l’écologie et ne se battent que pour le fameux « 64 ans, c’est non ». Pourtant les pancartes affichées lors des manifestations dépassent largement la thématique des retraites. Certaines portent sur l’égalité homme-femme, certaines sur les super-profits du CAC40. Certaines sont encore sur l’écologie : « +2 ans = les vieux au boulot, +2° = les jeunes sous l’eau », « pas de planète, pas de retraite »… Nous avançons aussi que beaucoup d’associations écologistes aspirent à une transformation écologique ET sociale. Les membres des ateliers ICARE sont profondément préoccupés par l’augmentation actuelle de la précarité (réforme chômage, dégradation du service public, projet de loi anti-immigration…). 

Nous affirmons également notre conviction : après la lutte « contre », vient le temps du rassemblement pour créer le « pour ». Les manifestations et les rassemblements sont autant d’occasions de sortir de l’entre-soi et de confronter ses idées. C’est une occasion pour une association écologiste de sensibiliser et d’afficher ses convictions, également de se confronter à d’autres mouvements de pensée qui ne feront qu’enrichir la réflexion. Ce sont aussi des moments de convivialité, réjouissants, où l’on se prend à rêver de lendemains qui chantent.

Alors, quelles actions, concrètement ? Publier des textes évoquant la convergence des luttes, financer une caisse de grève. Renforcer le mouvement social en participant aux initiatives pacifiques qui veulent dépasser le simple jeu des manifestations : grèves, occupations de ronds-points, assemblées populaires… Il est également possible de ne pas prendre position publiquement mais d’organiser au sein même de l’association un temps de réflexion sur la thématique. Concrètement, notre association, dont beaucoup de membres sont Toulousains, a fait le choix de contribuer à l’initiative « On arrête tout Toulouse » qui présente une dynamique fédératrice et non-violente.

Nous finirons cette tribune en citant deux passages du livre « Indignez-vous », best-seller de Stéphane Hessel. Ce texte est une source d’inspiration particulièrement précieuse face à l’actualité.

« La pensée productiviste, portée par l’Occident, a entraîné le monde dans une crise dont il faut sortir par une rupture radicale avec la fuite en avant du « toujours plus », dans le domaine financier mais aussi dans les domaines des sciences et des techniques. Il est grand temps que les soucis d’éthique, de justice, d’équilibre durable deviennent prévalent. Car les risques les plus graves nous menacent. Ils peuvent mettre un terme à l’aventure humaine sur une planète qu’elle peut rendre inhabitable pour l’homme ».

« Aussi, appelons-nous toujours à une « véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. » A ceux et celles qui feront le XXIe siècle, nous disons avec notre affection : « CRÉER, C’EST RÉSISTER. RESISTER, C’EST CREER » »