Relancer une industrie française de l’électroménager en misant sur des produits durables et réparables
Les produits électroménagers sont devenus des produits indispensables à notre quotidien et l’on s’imagine mal se passer d’un réfrigérateur, d’un lave-linge ou d’un four. Environ 15 millions de gros électroménager et 46 millions d’articles de petit électroménager sont achetés annuellement par les consommateurs français. Or, la plupart de l’électroménager que nous achetons maintenant en France est fabriqué à l’étranger.
Par exemple, il n’y a plus que deux marques qui fabriquent encore des lave-linge en France : Brandt, et Vedette, et seuls des lave-linge avec ouverture par le dessus sont disponibles. De même, il n’existe plus de réfrigérateur « classique » fabriqué en France.
Par ailleurs, face à une panne, plutôt que de faire réparer, une part importante des consommateurs choisit d’acheter un nouvel appareil, pour des raisons pratiques (difficulté de trouver un réparateur) et/ou économiques (prix élevé des réparations).
Il paraît donc important de pouvoir à nouveau produire des appareils électroménagers de façon plus locale, pour éviter du transport de marchandises, et de dynamiser le tissu économique régional en s’orientant vers des produits durables; c’est-à-dire fiables de par leur conception et facilement réparables.
C’est cette voie qu’ont choisi les entreprises Kippit et Ethikis ad Civis, toutes deux implantées à Toulouse. La première s’est lancée dans le développement et la production d’électroménager (bouilloire, lave-linge pour les premiers projets) durables, réparables et fabriqués localement. La deuxième a créé le label LONGTIME®, dont l’objectif est de garantir aux consommateurs des appareils de bonne qualité, fabriqués dans le but d’être durables, solides et réparables.
Cette voie est en outre encouragée par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) qui a mis en place l’affichage obligatoire d’un indice de réparabilité au 1er janvier 2021, qui sera complété ou remplacé par un indice de durabilité (comprenant des critères liés à la robustesse et à la fiabilité des produits) en 2024, pour certains produits.
Elle est également prônée par l’Union Européenne au travers du Pacte Vert pour l’Europe (Green Deal), qui prévoit un plan d’action en faveur de l’économie circulaire qui inclura «des mesures pour inciter les entreprises à proposer, et les consommateurs à choisir, des produits réutilisables, durables et réparables. Il examinera la nécessité d’un «droit à la réparation» et luttera contre l’obsolescence programmée des appareils, en particulier dans le domaine de l’électronique.», ou au travers du projet PROMPT (PRemature Obsolescence Multi-stakeholder Product Testing Programme).
Au sein d’ICARE, il nous semble que les salariés de la filière aéronautique possèdent des atouts pour aider à relancer un électroménager local et durable:
– Le secteur aéronautique est une industrie couvrant de nombreux domaines et compétences techniques (connaissance des matériaux, Conception Assistée par Ordinateur (CAO), thermique, conception des systèmes, tests et validation, industrialisation, …) et non techniques pouvant être utilisées pour produire de l’électroménager.
– L’aéronautique a développé depuis des années des systèmes de plus en plus fiables et réparables, via notamment des analyses de sécurité de fonctionnement et des normes qui pourraient être une source d’inspiration pour l’amélioration de la durabilité de l’électroménager.
– L’aéronautique est experte dans le maintien en condition opérationnelle des systèmes et dans le traitement des obsolescences.
Par ailleurs, un certain nombre de PMEs qui fournissent des pièces à la filière aéronautique pourraient être intéressées par le fait de diversifier leur production dans cette période de baisse de cadences chez Airbus.
Qui plus est, ce qui s’applique au secteur de l’électroménager pourrait aussi se transposer au secteur du numérique, avec des ordinateurs ou des téléphones plus durables et non sujets à l’obsolescence programmée, notamment logicielle, conçus localement et pourquoi pas en utilisant une bonne partie de matériaux recyclés si tout cela peut-être couplé à une filière de recyclage efficace.
Il y a donc de nombreuses compétences disponibles pour recréer des emplois localement et rendre ces produits que nous utilisons au quotidien moins consommateurs de ressources naturelles.